Bonjour !

Je suis écrivain et scénariste de BD.
Mon premier livre est sorti en 2009. Depuis, j'en ai sorti 22 autres... Je travaille aussi pour le ciné, la télé, le jeu vidéo, les applications et même le jeu de plateau.
Car pour toutes ces créations, il y a besoin d'écrire. Donc j'écris. Depuis le temps que j'en rêvais !

Et pourtant bien souvent je l'entends, cette question étrange : "Et sinon, vous avez un vrai métier ?".
Elle me fait un drôle d'effet et je n'ai pas encore trouvé comment y répondre... Alors ce blog va servir à ça : à essayer d'expliquer que oui, écrivain et scénariste, c'est un métier, un vrai.

jeudi 24 juillet 2014

Sofia mon amour...

On parle beaucoup, en ce moment, de la SOFIA.
Comme pour moi Sofia était au mieux un prénom ou au pire la capitale de la Bulgarie, j'ai voulu me renseigner sur cet organisme qui, parait-il, reverse chaque année aux auteurs des sommes astronomiques et mirobolantes.

Alors je suis allé sur leur site. J'y suis tombé sur (c'est là) :
"Le seuil de distribution à 15 exemplaires par livre (34,40 € de droits, soit une part éditeurs à 17,20 €) maintient en répartition avec un versement différé 68 % des titres qui ont donc fait l’objet de moins de 15 exemplaires d’achats mais qui ne représentent à eux tous que 12 % du montant total de la rémunération."
et sur :
"Pour la part auteurs, sur les 11.241 auteurs bénéficiaires de la première répartition, 351 percevront individuellement entre 1000 et 10.781 €, 2010 autres se voyant attribuer une somme comprise entre 150 € et 999 €."

Et je me suis dit que je n'allais pas écrire cet article, n'ayant pas compris grand chose au premier extrait cité et me demandant ce que touchent les 8880 auteurs restant dans le deuxième.
Le logo de la SOciété Française des Intérêts des Auteurs de l’écrit

La SOFIA, c'est quoi ?

Mais j'ai persévéré...
J'ai donc appris que la SOFIA c'est  la Société Française des Intérêts des Auteurs de l’écrit.
Elle récolte l'argent du droit de prêt en bibliothèque et la rémunération pour copie privée numérique.
Et ça en fait, du pognon !

Pour chaque livre vendu en biblio (6,2 millions de livres environ), les libraires versent 6% du prix public HT.
Pour chaque inscrit en biblio (il y en a environ 11 millions), l'état verse 1,5 € (1 € pour les biblio universitaires).
La rémunération pour copie privée est prélevé lors de la vente de matériel (tablettes, disques durs, décodeurs TV numériques, etc.). La SOFIA récupère la part du livre.

Ainsi le droit de prêt de 2011, distribué en 2014, c'est 16,6 millions et, en 2013, la rémunération pour copie privée c'est 9 millions.
Plus de 25.000.000 d'euros à distribuer aux auteurs !!!
Mais non, bien sûr. Rien n'est aussi simple.

Elle fait quoi, la SOFIA, de tout ce pognon ?

D'abord, il y a les frais de gestion, 10% environ 2.500.000 €.
Ensuite il y a des aides aux actions culturelles, 9% environ (2.300.000 €) dont 77¨% sont versés en aides à la diffusion, en particulier à des organisateurs d'évènements autour du livre. Seuls 23% (530.000 €) reviennent aux auteurs par le biais d'aides, de formations (sic) et d'actions de défense des intérêts des auteurs (re-sic).
1.700.000 € sont versés aux auteurs pour abonder à hauteur de 50% du montant de leur retraite complémentaire. Ca, c'est bien !

19 millions pour les auteurs ?

Moi, bêtement, je me dis que les quelques 19 millions qui restent sont versés aux auteurs au titre du droit de prêt et de la copie privée.
Mais non, mais non, mais non !!!
50% de cette somme est versée aux éditeurs !

Donc, petite récapitulation (j'arrondis les chiffres) :
La SOFIA garde 2.500.000 €
Les autres acteurs du livres ont 1.800.000 €
Les éditeurs ont 9.500.000 €
Les auteurs ont 500.000 € en aides et formation, 1.700.000 € pour la retraite complémentaire et 9.500.000 € en répartition des droits.
Soit un total de 11.700.000 €, 47% à peine de la somme récoltée !
Je trouve que ça fait pas un bien gros pourcentage quand même...

Qui touche cet argent ?

Ça, j'aimerais bien le savoir, parce que, 11,7 millions, même si c'est pas beaucoup, c'est quand même une somme !
Je découvre ici que 68.000 auteurs ont vendus des livres en bibliothèques en 2011. Je me dis donc que cette somme est partagée entre tous à hauteur de leurs ventes, soit 172 € de versement moyen par auteur, avec évidemment des disparités énormes entre ceux-ci.

Mais non, là encore ! Seuls 7.500 auteurs sont inscrits à la SOFIA. Pour eux, pas de problème. Ils toucheront directement leur part sur le droit de prêt et sur la copie privée.

Et les 60.500 autres ?


Eh bien leurs droits sont versés aux éditeurs qui ont à leur charge de les reverser aux auteurs. Parfait. Mais quel est le contrôle ? Combien parmi ces 60.500 ne percevront jamais rien ? 

Aucune idée...

Personnellement je fais partie de ceux là et jamais aucun de mes éditeurs ne m'a versé le moindre centime alors que je croise mes bouquins dans pas mal de bibliothèques. Un de ces jours, il va falloir que je leur en cause...