Bonjour !

Je suis écrivain et scénariste de BD.
Mon premier livre est sorti en 2009. Depuis, j'en ai sorti 22 autres... Je travaille aussi pour le ciné, la télé, le jeu vidéo, les applications et même le jeu de plateau.
Car pour toutes ces créations, il y a besoin d'écrire. Donc j'écris. Depuis le temps que j'en rêvais !

Et pourtant bien souvent je l'entends, cette question étrange : "Et sinon, vous avez un vrai métier ?".
Elle me fait un drôle d'effet et je n'ai pas encore trouvé comment y répondre... Alors ce blog va servir à ça : à essayer d'expliquer que oui, écrivain et scénariste, c'est un métier, un vrai.

mercredi 11 juin 2014

Comment nait une histoire ?

Une histoire, la plupart du temps, c'est d'abord quelques mots, l'esquisse d'un personnage ou d'un décor, une image... Un petit rien, le plus souvent. Ou plutôt déjà un petit quelque chose.
Ce petit quelque chose, cette idée, il faut la laisser tourner dans la tête. Les idées sont fécondes : très vite elles font naître d'autres idées, d'autres images. Toutes ensemble, elle construisent peu à peu des personnages, font apparaître des décors, amènent des situations qui s'enchaînent et qui s'entraînent. 

La naissance d'une histoire, ce n'est pas de prestidigitation, il n'y a pas de truc. C'est de la magie...

L'exemple de "L'enfant sur la digue"

L'enfant sur la digue - Eric Wantiez, et Serge Elissalde - éditions Comme une Orange

Un matin, je me suis éveillé avec dans la tête l'image d'un enfant assis, les jambes pendantes au bout d'une digue, face à l'océan. Rien d'autre. Cette image m'a hanté pendant plusieurs jours. Qu'est-ce qu'il voulait que je raconte, cet enfant ? Quelle était son histoire ? Aucune idée...

J'ai laissé l'image tourner dans ma tête.

Elle aurait pu disparaître. Fausse piste. Ça arrive...
Mais elle est restée. Et peu à peu, elle s'est précisée, elle s'est enrichie.

Je l'ai mieux vu, cet enfant à l'air si triste. Et la grande ville au loin derrière lui. Et l'usine qui fumait là-bas. Un matin, l'enfant s'est mis à tousser, une toux déchirante.
Le personnage et le décor étaient là. Et quand une mystérieuse créature marine est venue parler à l'enfant, j'ai tout compris : je savais ce qu'il fallait que je raconte. L'enfant et la bête étrange m'avaient tout dit.

La magie avait agi. Ne restait qu'à prendre le stylo et à l'écrire, cette histoire. C'est le moins difficile. Dans la boite à outils de l'écriture, nous avons tous les mêmes outils, tous les mêmes mots. Il suffit de bien les choisir, de les poser bien à leur place.

J'ai écrit. Quand j'ai posé le point final, l'enfant sur la digue existait déjà. Les dessins de Serge lui ont donné une plus grande force, une autre dimension. Ils ont transformé l'émotion des mots, l'ont transcendée.

Il ne restait plus qu'à faire le livre.
Pour que vous puissiez à votre tour le découvrir, cet enfant qui, une nuit, était venu dans ma tête s'asseoir au bout d'une digue pour contempler l'immensité de l'océan.