Bonjour !

Je suis écrivain et scénariste de BD.
Mon premier livre est sorti en 2009. Depuis, j'en ai sorti 22 autres... Je travaille aussi pour le ciné, la télé, le jeu vidéo, les applications et même le jeu de plateau.
Car pour toutes ces créations, il y a besoin d'écrire. Donc j'écris. Depuis le temps que j'en rêvais !

Et pourtant bien souvent je l'entends, cette question étrange : "Et sinon, vous avez un vrai métier ?".
Elle me fait un drôle d'effet et je n'ai pas encore trouvé comment y répondre... Alors ce blog va servir à ça : à essayer d'expliquer que oui, écrivain et scénariste, c'est un métier, un vrai.

samedi 11 juillet 2015

Incroyable ! Je fais vivre 16 personnes !

J'ai lu la semaine passée le rapport d'activité 2015 du SNE, le syndicat national de l'édition.

Le SNE est un syndicat professionnel regroupant de nombreux éditeurs. Jetez un œil au rapport, ici, et vous saurez tout ou presque sur cette organisation.

Un rapport intéressant

On y apprend plein de trucs. Sur le livre numérique, sur les activités du SNE, sur l'économie du livre, sur l"édition scolaire, etc, etc.

Par exemple, on y apprend qu'au salon du livre de Paris, que le syndicat a créé et dont il est propriétaire, 500 débats et conférences de haut niveau ont été organisés. Super ! Rien sur le nombre de débats et conférences de bas niveau. Dommage...

On y retrouve aussi ces chiffres qui donnent chaque fois le vertige : 98.306 titres (dont 43.600 nouveautés) sont parus en 2014. Ce qui fait quand même 269 titres par jour (dont 119 nouveautés). C'est quand même un truc de fou.

L'encadré de la page 40

Mais ce qui a attiré particulièrement  mon attention, c'est un encadré en page 40, dans la partie pleine de chiffres et de pourcentages.

Dans cet encadré, le SNE indique que l'on recense 5.000 auteurs traducteurs et illustrateurs en France.

On ne sait pas exactement ce que recouvre ce chiffre. Qui est considéré comme auteur ? Toute personne ayant publié un livre dans l'année ? Toute personne assujettie aux agessa ?  Pas de précision sur les critères.
 Pas grave. Le rapport semble très fiable en ce qui concerne les chiffres. On peut donc considérer qu'en 2014, il y avait donc :

5.000 auteurs, traducteurs et illustrateurs en France

Et il semble indéniable que ces auteurs sont à la base de toute l'économie du livre.
 SANS AUTEURS, PAS DE LIVRE.
Pas question, en écrivant cela, de remettre en question l'utilité de chacun dans la chaîne du livre ! Chacun est important, voire indispensable.

Mais ce sont bien ces 5.000 auteurs, traducteurs et illustrateurs qui, par leurs créations, permettent le développement de tout le reste de la chaine.

Revenons au fameux encadré !

Car il n'indique pas seulement le nombre d'auteurs, l'encadré.
Il indique plein d'autres petites choses assez intéressantes :

- qu'il y a 15.000 emplois dans les maisons d'édition.
- qu'il y a 3.000 emplois dans les imprimeries travaillant pour l'industrie du livre.
- qu'il y a 30.000 emplois dans la commercialisation du livre (détaillants, distribution, diffusion).
- qu'il y a 30.000 emplois dans l'ensemble des bibliothèques.

78.000 emplois qui dépendent donc du travail de 5.000 auteurs.
15,6 personnes par auteur !

On est vraiment trop forts !

Ajoutons les emplois de la fonction publique (Centres du livres, sofia, agessa, etc.) et les emplois induits (les critiques littéraires, par exemple), et permettons nous de monter à 16 emplois par auteur.

Ainsi donc, nous auteurs, faisons vivre chacun 16 personnes. Oui, nous fournissons chacun des revenus à 16 personnes !
Chacun d'entre nous permet à 16 personnes de se loger, de se nourrir, de se chauffer, de s'éclairer, de partir en vacances, de changer de voiture, etc, etc.
C'est magnifique !

Mais alors, pourquoi nous, les 5.000, sommes nous, à quelques exceptions près, les plus démunis, et de loin, de la chaîne ? Pourquoi n'avons nous pas accès à une part significative de cette richesse que nous créons ?

Mystère.
Peut-être que les 16 personnes à qui je permets de vivre pourront-elles m'expliquer...