A partir du 1° janvier 2016, nos charges sociales vont augmenter
d'une façon extrêmement importante, sans aucune amélioration de la
couverture sociale. Être auteur ce sera laisser 23% de son revenu en
charges sociales. Comme un salarié, en gros.
Mais l'auteur n'est pas "comme un salarié".
L'auteur
n'a pas de congés payés, pas de droits au chômage, pas de tickets
restaurants, pas de mutuelle. En échange de ses 23% il n'a qu'une
couverture sociale minimum, une future pension de retraite dérisoire et
une retraite complémentaire qui, de l'aveu même de la caisse qui gère
ça, est en moyenne de 1500 € par an.
L'auteur paye le
loyer, l'électricité, le chauffage, l'assurance, la femme de ménage de
son lieu de travail. Il paye son ordi, son imprimante, son scanner, ses
photocopies; son accès internet, son téléphone pro, ses stylos, ses
pinceaux, son bureau, sa chaise, la machine à café et les bouquins pour
la documentation. Heureusement, il pourra royalement déduire 10% pour
frais professionnels sur sa feuille d'impôts...
L'auteur
trouve lui même son "employeur". Pour cela, il monte à ses frais des
dossiers de présentation qu'il envoie à ses éditeurs préférés, à ses
frais toujours. Les projets dont personne ne voudra auront demandé des
mois de travail sans aucune rémunération et finiront dans un tiroir
oublié ou à la corbeille. Il est de plus sans cesse à la merci de
l'arrêt de sa série sans même qu'on lui ait donné une chance de
s'imposer auprès des lecteurs, à cause d'un changement de directeur de
collection, ou de politique éditoriale, ou de je ne sais quoi d'autre.
L'auteur
un tant soit peu reconnu court les festivals pour y faire des
dédicaces. Sans aucune rémunération, là encore. On l'invite, bien sûr,
on le nourrit, on le loge et on lui paye les frais de déplacements sur
les festivals, mais il ne touche rien pour les heures passées à signer
ses œuvres.
En BD ou en livre jeunesse où il y a la
plupart du temps 2 auteurs, le scénariste et le dessinateur auxquels il
faut parfois ajouter le coloriste, l'auteur touche entre 4 et 5% de
droits d'auteurs.
C'est pas beaucoup ! Sur une BD à 15 €, ça fait
entre 0,60 et 0,75 €. Enlevons les charges sociales, ça donne entre 0,49
et 0,61 €. Pour atteindre le montant d'un smic, il doit donc vendre
entre 1.851 et 2.304 livres par mois... Sur l'année entre 22.212 et
27.648 livres.
Et bien sur, sur ce smic, restent à retirer tous les frais des paragraphes 2 et 3 de cet article...
Voilà... Voilà pourquoi nous avons peur de mourir. Voilà pourquoi nous sommes en colère.
Nous ne savons pas quoi faire.
S'unir et agir ? Oui, mais nous sommes si peu nombreux ! Qui nous entendra ?
Changer
de métier ? Mais c'est que nous l'aimons, ce métier, suffisamment pour
le faire depuis des années en ne gagnant pas grand chose.
Diversifier
nos activités ? Mais c'est que nous en faisons, des heures et qu'à part
en inventant la journée de 30 heures, ce n'est pas vraiment possible.
Alors vous, les lecteurs, aidez nous à survivre.
Parce les livres, ça nous fait vibrer, rêver, rire, pleurer...
Vivre quoi...
Auteur de livres pour la jeunesse et scénariste de BD, je partage dans ce blog mes réflexions sur le métier, le travail et la condition d'auteur aujourd'hui.
Bonjour !
Je suis écrivain et scénariste de BD.
Mon premier livre est sorti en 2009. Depuis, j'en ai sorti 22 autres... Je travaille aussi pour le ciné, la télé, le jeu vidéo, les applications et même le jeu de plateau.
Car pour toutes ces créations, il y a besoin d'écrire. Donc j'écris. Depuis le temps que j'en rêvais !
Et pourtant bien souvent je l'entends, cette question étrange : "Et sinon, vous avez un vrai métier ?".
Elle me fait un drôle d'effet et je n'ai pas encore trouvé comment y répondre... Alors ce blog va servir à ça : à essayer d'expliquer que oui, écrivain et scénariste, c'est un métier, un vrai.
Mon premier livre est sorti en 2009. Depuis, j'en ai sorti 22 autres... Je travaille aussi pour le ciné, la télé, le jeu vidéo, les applications et même le jeu de plateau.
Car pour toutes ces créations, il y a besoin d'écrire. Donc j'écris. Depuis le temps que j'en rêvais !
Et pourtant bien souvent je l'entends, cette question étrange : "Et sinon, vous avez un vrai métier ?".
Elle me fait un drôle d'effet et je n'ai pas encore trouvé comment y répondre... Alors ce blog va servir à ça : à essayer d'expliquer que oui, écrivain et scénariste, c'est un métier, un vrai.