Le front national s’intéresse à la culture.
C'est plutôt nouveau.
Les tweets de Philippe Martel
Enfin, disons plutôt qu'un membre du FN s’intéresse au cinéma, en l’occurrence Philippe Martel, chef de cabinet le Marine Le Pen après avoir été celui d'Alain Juppé au quai d'Orsay.
Ce monsieur a profité de la mort de Robin Williams pour poster deux petits tweets assassins au sujet, non pas de l'acteur mort hier, mais d'un des films dans lequel il joue : "Le cercle des poètes disparus", qu'il qualifie de film stupide et toxique.
L'attaque n'est pas envers l'acteur qui ne fait que jouer de façon magistrale le rôle que des auteurs lui ont confié. L'attaque est bien envers ces auteurs : Peter Weir, le réalisateur et Tom Schulman, le scénariste.
Des auteurs toxiques
Il est bien vrai que Peter Weir est un réalisateur toxique. Il suffit de voir "Mosquito coast", "The Truman show", "Master and commander", "Picnic à Hanging rock", "Gallipoli" et bien sûr "Le cercle..." pour s'en convaincre.
J'adore Peter Weir. J'aime la façon dont il nous parle du monde, dont il nous parle de choix, de colère, de révolte, dont il nous parle de liberté.
Quant au scénariste Tom Schulman, je ne sais pas s'il est toxique, mais on lui doit outre la magnifique histoire du "Cercle..." des films que je n'ai pas vu comme "8 têtes dans un sac", "Quoi de neuf, Bob" ou "Chérie j'ai rétréci les gosses" (que j'ai vu...).
On peut dire que Peter Weir et Tom Schulman sont toxiques, il a raison, monsieur Martel. Toxiques pour la bêtise, la bassesse, la certitude, la tradition, l'immobilisme...
Ce toxique là est un compliment.
Un film stupide
Philippe Martel qualifie aussi le film de "stupide". Bon. Rien a dire, rien à défendre...
Chacun sait que ce film n'est pas stupide. On peut ne pas aimer son ton, son message, son parti pris, sa position philosophique ou politique, certainement pas le taxer de stupidité.
Il n'y a dans ce mot qu'agressivité et provocation gratuite et sans fondement qui ne méritent pas qu'on s'y attarde et encore moins qu'on y réponde...
Laissons monsieur Martel à ses inepties, à ses Bisounours et à son mainstream... Qu'il retourne à ses cabinets, c'est là sa vraie place. Qu'il y reste.
Ô capitaine, mon capitaine !
Laissons-le donc. Montons sur la table, nous aussi, pour un moment de rébellion, de résistance, pour un moment d'émotion pure.
Montons sur la table, nous aussi.
Merci Monsieur Keating.
Merci Monsieur Peter Weir, merci Monsieur Tom Schulman.
Merci Monsieur Robin Williams de nous avoir fait rire et pleurer, d'avoir su nous divertir et nous faire réfléchir, d'avoir su nous émouvoir.
Merci à vous trois de rendre le monde un peu moins stupide et un peu moins toxique. Merci à vous de nous montrer qu'on peut arracher la préface du docteur Pritchard, qu'on peut déchirer la bêtise.
Il nous reste pas mal de choses à arracher, pas mal de choses à déchirer.
Si vous le croisez dans un quelconque cabinet dont il a l'honneur insigne d'être le chef, dites à Philippe Martel qu'on y travaille...