Bonjour !

Je suis écrivain et scénariste de BD.
Mon premier livre est sorti en 2009. Depuis, j'en ai sorti 22 autres... Je travaille aussi pour le ciné, la télé, le jeu vidéo, les applications et même le jeu de plateau.
Car pour toutes ces créations, il y a besoin d'écrire. Donc j'écris. Depuis le temps que j'en rêvais !

Et pourtant bien souvent je l'entends, cette question étrange : "Et sinon, vous avez un vrai métier ?".
Elle me fait un drôle d'effet et je n'ai pas encore trouvé comment y répondre... Alors ce blog va servir à ça : à essayer d'expliquer que oui, écrivain et scénariste, c'est un métier, un vrai.

samedi 21 janvier 2017

Chouette ! Une asso développe la bd à Angoulême.

Voilà ce que je me suis dit en tombant sur cet article de la Charente libre au hasard de mes pérégrinations sur facebouc.

J'ouvre le lien. 

Ça commence bien ! On y annonce la création de «l'association pour le développement de la bande dessinée à Angoulême». Et c'est la ministre de la culture qui la fait cette annonce. Pour vous dire que c'est du sérieux et que, sans aucun doute, ça va développer sec !

Où l'on parle de développer la bd à Angoulême

Tout ça m’intéresse particulièrement puisqu'il se trouve que j'écris de la bande dessinée, que j'habite Angoulême, que j'y suis responsable d'une petite maison d'édition, que j'y suis investi dans le fonctionnement d'une librairie bd associative et que je m'occupe de la gestion d'un atelier d'auteurs.

Donc je continue la lecture de l'article avec grand intérêt. 
«Cette nouvelle association permettra d'assurer une meilleure coordination et une meilleure implication des partenaires dans les orientations importantes du festival et dans l'utilisation des moyens financiers qui lui sont alloués»

Et là, d'un coup, je tombe de haut. 
Le développement de la bande dessinée à Angoulême, pour les gens qui ont créé cette association, c'est donc le développement du festival de la bd.
Et rien d'autre à première vue...

De l'importance du choix d'un nom 

Choisir un nom, pour n'importe quelle structure n'est pas chose anodine. Il se trouve que les mots veulent dire quelque chose.

Si «l'association pour le développement de la bande dessinée à Angoulême», qui ne va s'occuper, semble-t-il, que du festival a été nommée ainsi, c'est bien que, pour ses créateurs, la bd à Angoulême ce n'est QUE le festival. En extrapolant un peu, avec mon mauvais esprit, j'aurais même tendance à penser que la totalité de la bd se limite pour eux aux grands évènements organisés autour d'elle.

Il aurait suffit d'ajouter "du festival" entre "développement" et "de". Mais ça n'a pas été fait. C'est au mieux une maladresse, au pire une nouvelle marque de mépris envers les acteurs de la bande dessinée dans notre ville.

Où l'on parle de la BD à Angoulême

Car la bd, ici, vit toute l'année.
Le festival est un évènement très important, bien sûr, mais il ne dure que 4 jours. Or, 365 jours par an, la bande dessinée ici c'est (outre des écoles, la cibdi; des éditeurs et de nombreuses structures qui travaillent et s'occupent de bd) environ 200 dessinateurs, scénaristes, coloristes, ateliers  remplis d'auteurs.
               
Hé oui ! La bande dessinée, à Angoulême comme ailleurs, c'est avant tout plein de gens qui dessinent, qui écrivent, qui colorisent. C'est plein de gens qui s’efforcent de faire vivre leur art au mieux, qui inventent, créent, travaillent, innovent.

La bande dessinée, à Angoulême comme ailleurs, ce n'est pas que le festival. 
La bande dessinée ici et ailleurs est vivante. Et sans toute cette vie foisonnante le festival ne serait pas grand chose. 

Où l'on revient à la condition des auteurs

Et tous ces gens qui travaillent toute l'année pour, le plus souvent, des revenus misérables aimeraient bien qu'une association présentée par la ministre de la culture elle-même les aide à se développer, ça serait pas du luxe.
Parce que, peu à peu, beaucoup d'entre eux sont en train de mourir.

Mais non. On peut les laisser mourir. Ce qu'il faut développer, c'est le FIBD, le spectacle, le grand raout mondain de la fin janvier, l'endroit où, dans quelques jours, vont se bousculer les politiques de tous poils et de tous bords.

Développez comme bon vous semble, développez messieurs dames. Mais n'oubliez pas : bon nombre d'auteurs sont en train de mourir.
Et sans auteurs, pas de livres. Sans livres, pas de FIBD.

Bon festival à tous.
Nous, les sous-développés de la bande dessinée à Angoulême, nous y serons. 
Nous y rencontrerons nos lecteurs. Et finalement, c'est bien le plus important.