Bonjour !

Je suis écrivain et scénariste de BD.
Mon premier livre est sorti en 2009. Depuis, j'en ai sorti 22 autres... Je travaille aussi pour le ciné, la télé, le jeu vidéo, les applications et même le jeu de plateau.
Car pour toutes ces créations, il y a besoin d'écrire. Donc j'écris. Depuis le temps que j'en rêvais !

Et pourtant bien souvent je l'entends, cette question étrange : "Et sinon, vous avez un vrai métier ?".
Elle me fait un drôle d'effet et je n'ai pas encore trouvé comment y répondre... Alors ce blog va servir à ça : à essayer d'expliquer que oui, écrivain et scénariste, c'est un métier, un vrai.

mardi 29 juillet 2014

Le juste prix

Auteur, c'est une profession indépendante.
Comme les artisans, les libéraux, les commerçants.
Mais il y a une grosse différence entre l'auteur et tous ceux là : pour lui, c'est le client qui fixe le tarif. Pas l'état, comme dans les professions à tarifs réglementés, non, non, celui qui fixe le tarif, c'est bien le client, c'est à dire l'éditeur.

Le système de rémunération des auteurs pourrait être comparé à celui des agriculteurs que le "marché" oblige à vendre leur production à perte.
Mais c'est même encore pire : car l'auteur n'a pas la possibilité de faire de la vente directe, de s'assurer en cas d'arrêt de sa série, de faire appel aux banques ou de toucher des aides de l'état ou de l'Europe (même si une quarantaine de bourses d'écriture de 3.500, 7.000 ou 14.000 € sont versés par le CNL à des auteurs BD chaque année).

Mais pour ne plus travailler à perte, pour toucher enfin le juste prix, que faudrait-il faire ?
Et si nous faisions comme la plupart des autres professions indépendantes, ça donnerait quoi ?

Et si l'auteur faisait un devis ?

On ne dit pas à un électricien "Vous allez refaire toute l'électricité de la maison et je vous donne  1.000 euros" ou au garagiste "Vous me changez la boite de vitesse de la bagnole et je vous donne 400 euros". Non, on lui demande un devis.

L'auteur n'est pas très différent de l'artisan et il pourrait fournir un devis au potentiel éditeur, avec son dossier pour un projet perso, ou lors d'une commande. Ainsi ce serait l'auteur qui fixerait son prix, libre au client de l'accepter ou pas. Les échéances seraient également fixées par l'auteur. Car travailler sur un projet en 2014 pour toucher des droits en 2017 ou en 2018, ce n'est pas acceptable.

Et si on payait ses frais à l'auteur ?

Ce devis devrait comprendre d'abord des frais non aliénables aux droits :
- Les frais de structure : car l'auteur paye son atelier, son assurance, ses frais d'énergie, ses frais d'abonnement téléphone pro et internet, son matériel informatique et autre, ses frais de gestion et de comptabilité, etc.
- Les frais afférents au projet : recherches, documentation, réunions éventuelles, établissement de dossiers, frais de déplacements, frais d'envoi, etc.
- Le paiement des textes et des visuels qui seront utilisés à des fins publicitaires, en particulier la couverture qui servira à TOUS (éditeur, diffuseur, libraire...) pour vendre le livre et qu'on retrouvera un peu partout (internet, catalogues...) pour soutenir la vente du livre.

Ces trois paiements n'ont rien à voir avec les droits d'auteurs. Ils sont payés sur facture et ne dépendent en rien de la vente ou même de l'existence du livre.

Et si l'auteur touchait ses droits sur le tirage ?

Ensuite, les droits d'auteurs :
Ils devraient être payés non pas sur les ventes, mais sur le tirage.

Si l'éditeur tire 6.000 exemplaires, il paye les droits sur 6.000 exemplaires ! Pourquoi faire porter à l'auteur un échec commercial ? Le travail de l'auteur n'a rien de commercial. Quand il paye des droits, l'éditeur achète le droit d'exploitation d'une œuvre, pas son potentiel de vente ! 
Si l'éditeur signe, c'est qu'il pense que ça va marcher. S'il se trompe, à lui et aux autres acteurs de la chaîne commerciale du livre d'en supporter les conséquences.
 
De plus le tirage est déclaré à la BNF. Il est donc facilement contrôlable.
Et bien, sûr, en cas de réimpression, même chose avec des droits re-négociables.

Et l'auteur touche bien sûr des droits sur les exemplaires distribués gratuitement (sauf les siens) ! Il n'a pas à supporter le coût de la promotion ! Un commerçant qui décide de lancer une opération 2 achetés = 1 gratuit, par exemple, ne fait pas supporter le coût de son opération à son fournisseur !

Et si on payait à l'auteur son travail de promotion ?

Enfin les frais de promotion. La tournée des festivals qui suit la sortie d'un titre est effectuée bénévolement par l'auteur. Pourquoi donc ? Toutes les personnes qui participent à la vente du titre sont rémunérées et pas lui !!! Et qu'on ne me dise pas qu'il est payé en droits d'auteurs. Ces droits payent son travail d'auteur et pas un travail supplémentaire de vendeur.

L'auteur doit facturer les jours passés en festival pour la promotion du titre.

Un magasin qui prend un animateur pour promouvoir le foie gras pendant les fêtes paye l'animateur, non ? Hé bien là, c'est pareil. Et ça tombe bien, la charte des auteurs et des illustrateurs a prévu un tarif pour les signatures : 205,00 € par jour.

 Allez ! Un petit exemple !

Voilà un petit exemple de devis. 46 planches, scénar et dessin.

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DEVIS
Concernant le réalisation d'un album de BD de 46 planches.
Durée prévue de la réalisation 10 mois.

Frais de réalisation
Frais de structure (atelier, charges, matériel...) = 400,00 € x 10 mois = 4.000,00 €
Frais afférents au projet (recherche, documentation...) = 500,00 €
Paiements des visuels qui seront utilisés à des fins publicitaires : 1.000,00 €
Total des frais de réalisation : 5.500,00 €
Payable aux dates suivantes : 40% à la commande, 30% à la livraison, 30% à la sortie de l'album.

Droits d'auteur sur le premier tirage
Premier tirage déclaré : 6.000 exemplaires – 20 gratuits auteurs = 5.980 exemplaires
Prix de vente public HT : 13,27 €
pourcentage de droits payés à l'auteur sur le PVHT : 8 %
5.980 exemplaires x 13,27 x 8 % = 6.338,80 €
Total des droits d'auteurs sur le premier tirage : 6.338,80 €
Payable aux dates suivantes : 30% à la commande, 30% à la livraison, 20% à la sortie de l'album, 20% à date de sortie + 1 an.
Tout retirage ou réimpression fera l'objet d'une nouvelle négociation des droits.

Frais de promotion
Si, pendant les 6 mois suivants la sortie de l'album l'auteur est amené à participer à des séances de dédicaces ou de signatures en librairie, en bibliothèque, en médiathèque, en salon, en festival, etc., il sera rémunéré sur la base du tarif de la charte des auteurs et illustrateurs.
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Pour un livre vendu 14 € et tiré à 6.000 exemplaires, ça donne donc 13.116,20 € pour l'auteur, plus le paiement des séances de dédicaces...
Pour 10 mois de travail, c'est pas énorme, mais c'est bien mieux que ce que décroche la plupart d'entre nous la plupart du temps !

Et bien sûr, en cas de retirage, on renégocie les droits, ça n'interdit pas le succès, au contraire, puisque, à l'inverse du système actuel d'avances, l'éditeur a intérêt à vendre le plus de livres possibles afin de diluer au maximum les 6.000 € non dépendants des ventes et le montant des droits versés sur les albums gratuits, défectueux ou abimés...

Tout cela n'est qu'indicatif. Essayez donc de faire votre propre devis avec vos propres chiffres, et vous verrez bien ce que ça donne pour vous !

L'éditeur est notre client ! 

Présenter les choses comme cela aurait le mérite de remettre l'éditeur à sa place de client de l'auteur, de lui faire payer un prix plus juste pour notre travail. Rémunérer l'auteur sur la totalité d'un tirage l'obligerait à devoir tenter de vendre le titre, à le défendre au mieux, à allonger sa durée de vie. Cela éviterait aussi le sur-tirage qui conduit un nombre considérable de livres au pilon.

Mais ça, c'est une autre histoire.
Je ferai un article un de ces jours sur la perversité d'un système dans lequel les (gros) éditeurs n'ont même plus vraiment besoin de vendre de livres...


jeudi 24 juillet 2014

Sofia mon amour...

On parle beaucoup, en ce moment, de la SOFIA.
Comme pour moi Sofia était au mieux un prénom ou au pire la capitale de la Bulgarie, j'ai voulu me renseigner sur cet organisme qui, parait-il, reverse chaque année aux auteurs des sommes astronomiques et mirobolantes.

Alors je suis allé sur leur site. J'y suis tombé sur (c'est là) :
"Le seuil de distribution à 15 exemplaires par livre (34,40 € de droits, soit une part éditeurs à 17,20 €) maintient en répartition avec un versement différé 68 % des titres qui ont donc fait l’objet de moins de 15 exemplaires d’achats mais qui ne représentent à eux tous que 12 % du montant total de la rémunération."
et sur :
"Pour la part auteurs, sur les 11.241 auteurs bénéficiaires de la première répartition, 351 percevront individuellement entre 1000 et 10.781 €, 2010 autres se voyant attribuer une somme comprise entre 150 € et 999 €."

Et je me suis dit que je n'allais pas écrire cet article, n'ayant pas compris grand chose au premier extrait cité et me demandant ce que touchent les 8880 auteurs restant dans le deuxième.
Le logo de la SOciété Française des Intérêts des Auteurs de l’écrit

La SOFIA, c'est quoi ?

Mais j'ai persévéré...
J'ai donc appris que la SOFIA c'est  la Société Française des Intérêts des Auteurs de l’écrit.
Elle récolte l'argent du droit de prêt en bibliothèque et la rémunération pour copie privée numérique.
Et ça en fait, du pognon !

Pour chaque livre vendu en biblio (6,2 millions de livres environ), les libraires versent 6% du prix public HT.
Pour chaque inscrit en biblio (il y en a environ 11 millions), l'état verse 1,5 € (1 € pour les biblio universitaires).
La rémunération pour copie privée est prélevé lors de la vente de matériel (tablettes, disques durs, décodeurs TV numériques, etc.). La SOFIA récupère la part du livre.

Ainsi le droit de prêt de 2011, distribué en 2014, c'est 16,6 millions et, en 2013, la rémunération pour copie privée c'est 9 millions.
Plus de 25.000.000 d'euros à distribuer aux auteurs !!!
Mais non, bien sûr. Rien n'est aussi simple.

Elle fait quoi, la SOFIA, de tout ce pognon ?

D'abord, il y a les frais de gestion, 10% environ 2.500.000 €.
Ensuite il y a des aides aux actions culturelles, 9% environ (2.300.000 €) dont 77¨% sont versés en aides à la diffusion, en particulier à des organisateurs d'évènements autour du livre. Seuls 23% (530.000 €) reviennent aux auteurs par le biais d'aides, de formations (sic) et d'actions de défense des intérêts des auteurs (re-sic).
1.700.000 € sont versés aux auteurs pour abonder à hauteur de 50% du montant de leur retraite complémentaire. Ca, c'est bien !

19 millions pour les auteurs ?

Moi, bêtement, je me dis que les quelques 19 millions qui restent sont versés aux auteurs au titre du droit de prêt et de la copie privée.
Mais non, mais non, mais non !!!
50% de cette somme est versée aux éditeurs !

Donc, petite récapitulation (j'arrondis les chiffres) :
La SOFIA garde 2.500.000 €
Les autres acteurs du livres ont 1.800.000 €
Les éditeurs ont 9.500.000 €
Les auteurs ont 500.000 € en aides et formation, 1.700.000 € pour la retraite complémentaire et 9.500.000 € en répartition des droits.
Soit un total de 11.700.000 €, 47% à peine de la somme récoltée !
Je trouve que ça fait pas un bien gros pourcentage quand même...

Qui touche cet argent ?

Ça, j'aimerais bien le savoir, parce que, 11,7 millions, même si c'est pas beaucoup, c'est quand même une somme !
Je découvre ici que 68.000 auteurs ont vendus des livres en bibliothèques en 2011. Je me dis donc que cette somme est partagée entre tous à hauteur de leurs ventes, soit 172 € de versement moyen par auteur, avec évidemment des disparités énormes entre ceux-ci.

Mais non, là encore ! Seuls 7.500 auteurs sont inscrits à la SOFIA. Pour eux, pas de problème. Ils toucheront directement leur part sur le droit de prêt et sur la copie privée.

Et les 60.500 autres ?


Eh bien leurs droits sont versés aux éditeurs qui ont à leur charge de les reverser aux auteurs. Parfait. Mais quel est le contrôle ? Combien parmi ces 60.500 ne percevront jamais rien ? 

Aucune idée...

Personnellement je fais partie de ceux là et jamais aucun de mes éditeurs ne m'a versé le moindre centime alors que je croise mes bouquins dans pas mal de bibliothèques. Un de ces jours, il va falloir que je leur en cause...

mercredi 16 juillet 2014

Histoire de Robert

Robert, auteur de BD a une idée géniale. 
Il écrit un synopsis formidable, créé des personnages et quelques décors magnifiques car il a un coup de crayon extraordinaire. C'est tellement bien qu'il décide d'envoyer un dossier à deux ou trois éditeurs dont il a les coordonnées et qui devraient être intéressés par ses petits miquets. 

Robert fait un dossier

Pour le dossier, il a le synopsis et ses recherches persos et décors. Bien, mais pas suffisant.
Il va faire trois petites planches, histoire que les destinataires voient bien qu'ils ont devant les yeux LA BD de l'année.
Pour faire ces trois planches, Robert a besoin d'un scénario, le bougre !  Faut que ça tienne la route !
Il l'écrit. Le réécrit. Le corrige. Le peaufine.
Il fait ses trois planches. Bien léchées, belles comme tout...
Et il envoie le dossier.

Robert a un rendez-vous

Chose extraordinaire, un des éditeurs lui répond, enthousiasmé.
Rencontre. Proposition de contrat. 
Robert touchera 8% de droits (bruts) et aura une avance sur droits de 10.000 € (bruts aussi). 
Robert rentre chez lui, tout content.

Dans le train, car Robert est un auteur provincial, il réfléchit. Et il se met à compter, car, quand il prend le train, il n'oublie jamais sa calculette.
Il a déjà bossé à peu près deux mois sur sa BD. Pour la faire entièrement, il va lui falloir 8 mois environ, car il bosse vite, notre Robert. A la sortie du livre, il perdra bien 1 mois de travail à courir les salons et les dédicaces sans rémunération. Alors il compte. 
10.000 € d'avances sur droits / 11 mois de travail = 909 € par mois
smic = 1450 € par mois

Robert et les droits d'auteur

Mince ! Il croyait avoir fait une bonne affaire, mais il va gagner bien moins que le smic.
Pas grave, car il reste les droits. L'éditeur, prolixe, lui a donné plein d'éléments très pratiques quand on a une calculette : son album sera tiré à 10.000 exemplaires (pas mal) et vendu 15 €.
Calculette ! Pour chaque album vendu, Robert touchera 8% du prix de vente hors taxe.
15 € - 5,5% = 14,22
8% de 14,22 € = 1,14 € de droits par album vendu

Un autre petit calcul lui apprend qu'il ne touchera de droits d'auteur qu'au 8.773° album vendu. Autrement dit, en prenant en compte les exemplaires distribués gratuitement et les exemplaires qui passeront en défraîchis après retour, la totalité du tirage... Donc, sur ce premier tirage, il ne touchera jamais de droits...

Robert rêve au succès

Mais dans son train, il se prend à rêver, Robert. Il rêve au succès: Un démarrage fulgurant de l'album, Une réimpression à 20.000... Et dans son rêve il pianote sur une calculette.
Au total 30.000 ventes sur l'année qui lui rapporteront 22 800 € de droits supplémentaires...Ca change la donne ! Avec sa BD il gagnera (brut toujours) :
10.000 d'avance + 22.800 de droits = 32.800 €
32.800 € / 11 mois de boulot = 2.982 € par mois

Robert, auteur de BD, pauvre et précaire

Dans son rêve, il se voit déjà riche, notre Robert ! Mais un bébé qui pleure (il y a toujours un bébé qui pleure, dans les trains qui filent vers la province) l'éveille.
Et il retombe brutalement dans la réalité. Il sait bien que dans la réalité, il ne vendra pas 30.000 albums. Il sait bien que l'éditeur ne réimprimera pas. Il sait bien qu'il ne touchera jamais de droits sur ce projet.

Il pense à tout laisser tomber, à faire autre chose, n'importe quoi. Mais ce projet, il y tient. Et puis, écrire et dessiner des bd, c'est son métier, c'est à peu près tout ce qu'il sait faire et il le fait bien. 
Alors Robert se dit que c'est pas grave, il dénichera quelques boulots d'illustration, quelques créations d'affiches, quelques interventions dans les écoles... Du coup, sa BD lui prendra un ou deux mois de plus, mais ça arrangera un peu les finances...

Dans son train, Robert range sa calculette. Il sort son carnet de croquis et ses crayons et il se met à dessiner. Parce s'il veut les gagner, ses 909 € par mois, il n'a pas de temps à perdre !

jeudi 10 juillet 2014

Solidarité !

Beaucoup parlent de créer un fond de solidarité pour les auteurs.
C'est une bonne idée. Il y a tant d'auteurs qui sont en grande détresse financière que les bénéficiaires potentiels de ce fond se bousculeraient !
L'idée ne semble donc pas mauvaise, même si l'utilisation du fond reste à définir : pour qui ? Sous quelles conditions ? Sous quel statut ? Sous quelle forme ? pour quels montants ?
Beaucoup de questions à régler.

Pour abonder à ce fond, par contre, les idées ne manquent pas. Je vais en creuser trois petites et tenter de faire les comptes...

Taxer le domaine public.

L'idée de taxer les livres tombés dans le domaine public est une vieille idée. Elle est apparue dès le 18° siècle et a été relancée régulièrement par la suite, sans résultat.

En France, une œuvre tombe dans le domaine public 70 ans après le décès de son auteur (+30 ans s'il est mort pour la France). Les œuvres posthumes y tombent 25 ans après leur première publication.

6 auteurs concentrent 40% des ventes de livres du domaine public : Molière, Maupassant, Zola, Hugo, Balzac et Voltaire. 
Et ces ventes sont peu nombreuses. Car il ne faut pas oublier que la plupart des livres des auteurs du domaine public sont utilisés à l'école et sont assortis de notes, commentaires, études qui, eux, sont assortis de droits.

Les ventes de livres du domaine public sans droit tournent autour de 3.600.000 livres. Si on taxait ces livres à, par exemple, 0,50 €, cette taxe apporterait donc au fond de solidarité des auteurs 1.800.000 €.

Taxer les droits versés aux ayants-droits.

La deuxième idée serait de taxer les droits d'auteurs versés aux ayants-droits héritiers. 

Ces ayants droits sont les descendants, conjoints, héritiers, légataires d'un auteur. Ils touchent les droits sur les ventes des livres de l'auteur entre la date de sa mort et le moment où l’œuvre tombe dans le domaine public, c'est à dire en général 70 ans. Ils touchent également les droits sur les œuvres posthumes.

On pourrait assortir le paiement des droits versés aux ayants-droits d'une taxe de 10%. Ils ne seraient pas contents, bien sûr, mais après tout, toucher ces droits ne leur demande pas beaucoup de travail ni de créativité...
On pourrait étendre cette taxation aux droits voisins (adaptations, produits dérivés, etc.), mais c'est une autre histoire.

Comme il est très difficile de savoir quel pourcentage de droits est versé à des ayants-droits, je vais me permettre une petite extrapolation.

La vente de livres génère environ 435.000.000 € de droits d'auteurs. Si on estime que 5% de ces droits reviennent à des héritiers, ça fait 21.750.000 €. Une taxe de 10% sur ces droits rapporterait donc au fond de solidarité des auteurs 2.175.000 €.

Taxer les manuels scolaires.

Il se vend chaque année en France 32.000.000 de manuels scolaires ! 
Les ventes en sont prévisibles et garanties. Donc, moins de risques. Pas ou peu de retours. Moins d'intermédiaires. Les tirages sont généralement importants, ce qui limite les coûts.

On m'objectera qu'environ 10% du tirage est distribué gratuitement à titre de spécimens. A mon avis, cela ne compense pas les avantages énormes que j'ai énuméré ci-dessus. 

Ces livres sont vendus en moyenne 15 €. Si on les taxait à hauteur de 0,10 € par livre, taxe payée par les éditeurs, ça ne ferait que 0,66 % du prix de livre ! Et cette taxe rapporterait au fond de solidarité des auteurs 3.200.000 € !

7 millions pour 7.000 précaires.

Mettre en place ces trois taxes permettrait donc d'abonder le fond de solidarité à hauteur de 7.175.000 € par an. La solidarité, c'est fait pour aider les plus faibles. Mais qui sont-ils et combien sont-ils ?

Les affiliés à l'agessa  du secteur du livre sont environ 3.500 et on peut considérer qu'un peu moins de 60% touchent des revenus très faibles, soit environ 2000 personnes.

Les assujettis à l'agessa du secteur du livre sont plus de 100.000 ! 
Les plus nombreux (90%) perçoivent très peu et ne peuvent être considérés comme auteurs ou illustrateurs professionnels, ou sont des ayants droits. Un certain nombre (autour de 5%) gagne correctement sa vie. Reste donc 5% d'auteurs à revenus extrêmement faibles, soit environ 5.000 personnes.

Ca nous fait donc environ 7.000 personnes à aider. Avec 7.175.000 €.
1.025 € par personne et par an...

C'est pas beaucoup, mais c'est un début.



lundi 7 juillet 2014

Le printemps d'Oan.

C'est parti ! Marie Deschamps attaque le dessin de notre prochain roman graphique "Le printemps d'Oan". Un roman graphique qui se passe quelque part dans la Somme, le 21 mars 1915.
La sortie du livre est prévue pour le printemps 2015 aux éditions Comme une Orange.

Un petit teaser. C'est du croquis et ça donne envie d'en voir plus !

Un petit story line :

Oan est un instituteur breton. C'est aussi un soldat de l'armée française. 
Perdu quelque part dans le no man's land, sur le front de la Somme, il découvre une petite fille, Angèle.
Il décide de la ramener dans les lignes françaises.

Un road movie sur fond de Grande Guerre. Avec une petite fille, des soldats français, des soldats allemands, du suspens, et plein d'émotion...
Une histoire d'amour et d'amitié.
Et une fin qui fait pleurer, parce que j'adore faire pleurer mes lecteurs !

Allez, le scénar d'une planche :

Angèle s'est planté devant Oan, l'air très en colère.
Angèle : Tant que vous parlerez de victoire, alors ça continuera !
Angèle : Faut que la guerre s'arrête, c'est tout. On n'a pas besoin d'un gagnant !
Angèle prend la main d'Oan.
Elle l'entraîne sur le chemin.
Angèle : C'est pas un jeu, tu sais.
Ils s'éloignent.

Voilà. Vous en saurez plus bientôt, car, avec Marie, nous partagerons régulièrement des dessins, des textes et des vidéos de l'avancement du projet.
 

mercredi 2 juillet 2014

Le score à la mi-temps...

Mais non ! Je ne vais pas vous parler de foot !
Je vais vous parler écriture et scénario, bien sûr; et comme nous venons de passer dans la deuxième moitié de l'année, je vais faire un petit bilan personnel des six premiers mois de 2014.

6 mois, plein de boulot...

La vie de scénariste est faite de projets. Plein de projets. Parce que, pour remplir le frigo et payer le loyer, il faut en écrire des histoires ! Et réussir à les vendre et à se les faire payer, ce qui est parfois une autre paire de manches...
Ces 6 mois, c'est pas mal de commandes et pas mal de projets persos. Petit inventaire...

2 projets persos terminés

Dessinateurs et illustrateurs bossent. Je les surveille, prêt à leur dire que vraiment, c'est pas terrible et que ça serait pas mal de tout recommencer. Mais c'est même pas possible : Ils ont bien trop de talent !

- Le printemps d'Oan, un roman graphique sur lequel Marie Deschamps est en train de travailler. Un livre papier et un "livre" numérique assez bluffant (un nouveau système de lecture, une histoire conçue pour l'écran) qui sortiront en 2015. Et le dessin de Marie toujours aussi... aussi... Ben, y'a pas de mot pour expliquer.

Angèle, l'héroïne du Printemps d'Oan

 - Conte de la nuit noire, un conte illustré par Geoffrey Grimal. Avec des dessins d'une beauté incroyable... Ca sortira en 2015.

Le premier chasseur des steppes marche vers le soleil couchant...

 

2 commandes terminées. 

Dessinateurs, illustrateurs et coloristes bossent. Moi, j'ai fini.
- Histoire(s) d'Angoulême volume 2, un album collectif avec 6 dessinateurs. Une BD historique. Sortie en septembre ou octobre.
- Les années noires, Angoulême 1940-1944, un album collectif avec 6 dessinateurs là aussi : Nathalie Ferlut, Julien Maffre, Vincent Sauvion, Nicolas Bastide, Fawzi. Sortie pour le festival d'Angoulême 2015.

1 commande en cours d'écriture :

- Des textes sur des photos des courses du Circuit des Remparts d'Angoulême dans les années 50. Une belle galerie de légendes du sport automobile. Sortie du livre en septembre.

1 commande un peu plantée pour l'instant :

- La biographie d'une opposante guatémaltèque aux mines d'or. Pas mal de questions posées, difficile d'avoir les réponses... Un scénario qui attend... Mais l'espoir que les réponses vont venir et que je fournirais de la matière au dessinateur, Bruno Loth.

1 commande ratée :

Un serious game sur 14-18 pour des archives départementales. Bon, l'appel d'offres nous est passé sous le nez... Pas grave...

1 nouvelle commande :

Une BD biographique sur Robert-Louis Stevenson. C'est tout nouveau. Faut pas s'emballer. Wait and see.

3 projets persos :

- Le match de la mort. Un roman graphique sur un match de foot (vous voyez, on y revient) entre une équipe nazie et une équipe ukrainienne composée de joueurs du Dynamo de Kiev en 1942. De l'historique encore. Une histoire pleine de héros et d'émotions (et presque pas de foot, d'ailleurs).
- L'histoire de Leïla. La banlieue parisienne, les années 80, de la violence et du désespoir. Une histoire que j'ai en tête depuis des dizaines d'années et dont j'attaque l'écriture seulement maintenant... Un roman graphique, encore une fois.
- Le bateau (c'est un titre de travail, évidemment). Une BD jeunesse en 3 tomes. Une histoire d'anticipation. Un espoir de voyage dans un monde en déliquescence...


Ces trois projets là me tiennent particulièrement à cœur, évidemment... Mais ils passent après les commandes, pas le choix. Quand les aurais-je terminé ? Trouverais-je les dessinateurs qui vont bien ? Et les éditeurs ?
C'est la glorieuse incertitude de l'écrivain scénariste... On verra.
En attendant, travailler.

Je ne sais pas ce que je fais ici, d'ailleurs, à écrire cet article. C'est que j'ai des pages à faire, nom de dieu !
Allez, je vous laisse. Je retourne à Kiev en 1941. J'ai laissé mon héros à la gare. Il a dit au revoir à sa femme et à sa fille qui se réfugient à Odessa pour échapper à l'encerclement allemand. Il m'attend sur le quai, dans son uniforme neuf.